PREMIERS SOUVENIRS FERROVIAIRES
1956 : j'avais 5 ans, nous habitions déjà à Angers, mais mes parents retournaient tous les ans en Septembre dans leur famille à Caen. Nous n'avions pas de voiture, c'était donc en train qu'avait lieu "l'expédition".
140 C au départ (Patrick Lévêque in Création Numérique 55)
Départ 8 h du matin,un monstre noir et fumant faisait trembler le quai, trainant de lourdes voitures aux rivets apparents. Les marchepieds étaient trop hauts pour moi, il fallait s'accrocher à une poignée grasse puis s'installer dans un compartiment de 2ème classe aux banquettes vertes et aux porte bagages de bois verni. Angers, Le Mans,Alençon, à Mézidon, changement de train pour un tortillard asthmatique qui faisait la navette jusqu'à Caen : il était plus de midi quand nous arrivions.
Mon grand père habitait un vieil appartement Rue de Bayeux, mais il avait un "jardin ouvrier". Nous y allions le dimanche, à pied, et c'était une longue marche, jusqu'au cimetière St Gabriel
141 R au passage à niveau de Pont L'Evêque ( Louis Pilloux in "Un siècle en Train" Edition La Vie du Rail)
Je ne sais pas s'il y avait plus de trains que maintenant, mais à chaque fois que nous allions au jardin, nous étions toujours bloqués au passage à niveau par des trains de marchandises en maneuvre , les barrières restaient fermées longtemps, et parfois 2 trains se croisaient. Je notais déjà la célèbre pancarte SNCF "un train peut en cacher un autre ".C'était l'époque des 203 Peugeot et des 4CV.
Un peu plus tard (1959-1961), mon père, qui était acteur, nous emmena pour 3 hivers en Belgique, où il avait signé un contrat avec le théâtre de Verviers, près de Liège.
Catalogue Roco échelle HO réf 43011
Là encore, quel voyage ! 14 heures de train !. A Verviers, nous habitions près de la gare et je découvris de nouvelles locomotives : les grosses diesel vertes de la SNCB, et surtout les spectaculaires TEE allemands. Au "Grand Bazar", pour Noël,un étage entier était consacré aux jouets, et je rêvais devant les grands réseaux Marklin.
A notre retour en France je décidai mes parents à me payer mon premier "Gégé" .

"Le Mistral" : un ovale, un contacteur à piles, une BB 9240 Verte et 2 voitures "inox". 1 an plus tard, je les décidais à y adjoindre quelques aiguillages et un vrai transformateur : hélas, les rails Gégé ne se vendaient pas au détail, et il a fallu tout reconstituer en Jouef, mais la robuste Gégé s'en accommoda très bien.

Carte postale reproduisant le catalogue Gégé 1960
 
Nous avons attendu 1967 pour partir pour la première fois en vacances, à Pornic, et c'était encore par le train
68067 en gare d'Angers en Juin 1967 (Brian Stephenson in "Le Grand Livre des Trains" p 346 Editions Celiv)
De grosses bêtes bleues avaient commencé à remplacer les "Mountains " et les Mikados".

Les panaches de fumée se faisaient plus rares, les BB 67000 et les AIA 68000 avaient eu raison de la plupart des vapeurs qui ne tractaient plus que les trains de marchandises et quelques supplémentaires. L'arrivée des CC 72000 en 69, en tête du "Nantais" et du "Maine Océan" allaient donner le coup de grâce à la traction vapeur.

Le 28 Septembre 1969, la 241 P 17 traversait pour la dernière fois Angers : la fin d'un époque.

C'était ma jeunesse, les "sixties" et ce sont ces souvenirs que j'essaie de faire revivre...